Les Bicloucipedistes Sur les routes d’Europe

En peloton

Salut la compagnie !

Antoine joue au tavelli avec Russel, Jake récolte de l’ail sauvage sur la plage, nous n’allons pas tarder à monter le campement et cuisiner une copieuse  carbonara. Eh oui, pour la première fois du voyage, nous partageons notre routine avec deux autres cyclo-voyageurs. Des British ! Mais avant de faire les présentations, reprenons le fil de notre périple.

Nous avons fini par quitter le chaleureux camping de l’île d’Eubée pour poursuivre notre route vers le nord de la Grèce. Epuisés par notre dernière soirée caravane, nous avons planté la tente à Glyfa très tôt, histoire de nous offrir une longue nuit de récupération. C’était sans compter un concert exceptionnel de bouzouki sur le port, jusqu’à quatre heures du matin. Nous sommes repartis sur les routes du continent avec des valises sous les yeux…

Entre montagnes et plaines, nous avons tout de même filé jusqu’à Larissa où, par chance, nous avons croisé le chemin de Yannis. Hôte warmshower populaire, il attendait là deux cyclistes anglais pour les emmener faire le tour du mythique Mont Olympe. Voyant que nous n’étions pas du genre pressés, il nous a proposé de nous joindre à l’expédition. Sans hésiter une seconde, nous avons accepté. Départ lundi matin pour un col à 1300 mètres d’altitude. Nous étions prévenus, il allait falloir pousser fort sur les pédales pour nous approcher de la demeure des Dieux grecs. Encouragés par l’énergie du groupe, nous avons atteint le sommet après de longues heures de raidillons sous un soleil de plomb. Pour nous récompenser, Yannis est allé acheter d’énormes saucisses et des côtes de porc dans une taverne. Nous les avons grillées sur un beau feu de bois dans la forêt. Le deuxième jour, nous avons tous savouré la longue descente dans la vallée. Notre biclou a passé le cap des 11000 km à quelques encablures du campement. Sous des arbres multi-centenaires, nous avons encore veillé tard en tentant d’épuiser les sujets de conversation liés au voyage à vélo. Mission impossible.

Le lendemain matin, nous avons repris la route pour nous rendre chez Yannis à Elassona. Avant la douche tant attendue, nous avons fait un petit crochet par un bar à tzipouro, le pastis local. Ici, lorsque vous commandez du tzipouro, le patron vous offre à manger. Après trois tournées, nous étions bien repus !

Nous avons quitté Yannis jeudi matin pour reprendre notre chemin, direction la Bulgarie. Jake et Russel, eux, se dirigeaient vers la Turquie. Motivés par les jours précédents, nous avons décidé de pédaler et camper ensemble jusqu’à Kavala, où ils continueront vers l’est, et nous vers le nord. Depuis quatre jours maintenant, nous partageons notre quotidien et c’est drôlement stimulant. Agés de 22 et 23 ans, nos amis anglais nous impressionnent par leur maturité. Ils se sont embarqués dans un tour du monde en trois ans. De quoi nous faire rêver… Mais non, même si le cœur nous en dit, nous ne les suivrons pas ! Nous avons bien trop hâte de vous revoir en chair et en os.

Sur ce, on vous embrasse. A la semaine prochaine.

C’est reparti !

 

Yassas !

La carte autour du cou, un vélo flambant neuf, des mollets frais comme des gardons, nous voilà repartis sur les routes après deux mois de pause. Et même si nous avons bien profité de notre arrêt au stand, nous ne sommes pas fâchés de retrouver le bitume.

Nous avons naturellement versé notre petite larme, samedi, au moment de dire aurevoir à Poncho. Difficile de trouver les mots pour remercier notre « cabron » préféré de son incroyable hospitalité. Nous espérons de tout coeur lui rendre la pareille un jour en France.

Notre dernière semaine à Athènes est passée très vite, entre soirées festives et préparatifs du nouveau départ. Fidèles à la tradition, nous sommes allés défiler le 1er mai avec nos camarades grecs. Au regard de la dramatique situation sociale du pays, nous nous attendions à une forte mobilisation, mais ce n’était pas plus impressionnant que cela. Seule la démesurée présence policière témoignait d’une certaine tension. Les manifestants, eux, étaient plutôt détendus.

Côté touristique, nous avons pris le temps d’aller faire un tour au merveilleux musée des Cyclades. Sur l’antiquité, c’est assurément le plus passionnant de la ville.

Enfin samedi, nous sommes allés récupérer notre bon vieux biclou chez Stathis, notre vélociste sur place. Méticuleux, il nous a rendu un vélo brillant de mille feux. Maintenant, nous croisons les doigts pour que tout cela tienne le coup.

Nous étions assez émus, dimanche, au moment de remonter en selle. Direction…la France ! Eh oui, il est temps d’amorcer le retour. Il nous reste une sacrée distance à parcourir: un peu plus de 3000 kilomètres.

La sortie de la métropole s’est faite très facilement. Nous avons suivi la célèbre route de Marathon, puis nous avons bifurqué pour prendre un ferry et rejoindre ainsi l’île d’Eubée. Très longue, elle nous permet de monter vers le nord en évitant l’autoroute du continent.

Nous avons remarqué un changement notable dans l’attitude des automobilistes depuis que nous avons accroché un petit drapeau français sur les sacoches. On se fait saluer, klaxonner, arrêter pour discuter ou boire un coup. Comme quoi, c’était vraiment notre dégaine d’Allemands qui nous faisait du tort en Grèce. Angela Merkel et ses compatriotes n’ont pas, mais alors pas du tout la cote ici.

Bref, rien qu’hier, nous sommes tombés dans deux embuscades. La première, en haut d’un col, en plein cagnard. Un type a surgi d’une taverne pour nous empresser de l’y rejoindre. En trois secondes, il y avait deux verres de bière sur la table, des saucisses, du pain et des tomates. Nous avons entamé un ahurissant dialogue en grec avec les piliers du comptoir. La patronne a glissé deux croissants fourrés dans notre besace. Cette halte était fort sympathique, mais la fin de journée dans les montagnes un peu rude ! Au moment de rejoindre la mer, nous nous sommes arrêtés à côté d’un camping. Un grand monsieur prénommé Ilias nous a proposé de dormir gratuitement à côté et de venir prendre une douche si nous le souhaitions. On ne pouvait rêver mieux ! Après nous être rafraîchis, voilà qu’arrive notre deuxième embuscade. Ilias et son ancienne épouse, Voula, nous invitent à manger avec eux. Autour de la table où le κρασί coule à flot, se joignent à nous Stathos et Stelios, deux autres caravaniers. La radio joue de la musique grecque et soudain, l’animateur reprend la parole. Nous entendons « Catherine et Antoine » au milieu des prénoms de nos hôtes ! Nous pensons à une hallucination, mais Voula nous explique qu’elle a appelé la chaîne pour une dédicace. Maintenant, il faut danser sur la chanson qu’elle a commandée. Allez hop, en piste! Stelios finit par sortir la guitare et nous chantons jusqu’à une heure du matin. Il nous interprète un magnifique morceau de Moustaki en grec.

Toutes ces rencontres imprévues font la beauté de notre voyage et nous donnent l’énergie de continuer à pédaler. Bon, certes, aujourd’hui, Voula n’a pas voulu nous laisser repartir sans que nous ayons goûté à son pastitsio. Ce n’était pas au programme, mais nous ne sommes plus à un jour près !

D’ailleurs, elle nous appelle pour passer à table. Il est temps de vous laisser. Bonne fin de semaine et à bientôt!

Sur l’île de Pâques

 

Kalimera !

Ouh la la, ça fait une paie qu’on ne s’est pas attablés pour vous faire parvenir quelques nouvelles. Et pourtant, histoire de combler l’attente des pièces du vélo, nous en avons fait des choses.

D’abord, Poncho et Herman nous ont extirpés d’Athènes pour aller « travailler » à Pachamama, une terre qu’ils cultivent et sur laquelle ils fabriquent de drôles de maisons. Nous y avons passé deux jours tranquilles sous le soleil, à désherber et à peindre.

Nous sommes retournés ensemble à la ville, où nous avons fini par nous rendre à l’évidence. Il manquait un petit détail à notre séjour athénien: l’Acropole… Quinze jours dans la capitale et nous n’avions pas encore mis les pieds dans l’endroit le plus visité de la ville. C’est chose faite ! En faisant abstraction des touristes (nous compris) et de l’énorme chantier des travaux de restauration, c’est un lieu fort émouvant.

Poncho est ensuite parti en voyage à Barcelone. Habitués à son amicale présence, nous avons eu l’impression de nous retrouver tout seuls. Ni une ni deux, nous avons plié sacoches pour aller nous promener dans les Cyclades, sur l’île paradisiaque de Serifos, à 5 h de navigation d’Athènes. Dur dur la vie !

Le bateau partait du Pirée un vendredi à 7 h du matin. Réveillés à 4h, nous avons pu prendre le premier métro avec le biclou que nous avons poussé dans les escalators. C’était sportif. Nous avons réussi à trouver notre pont d’embarquement sur l’immense port d’Athènes, d’où nous avons pu admirer le lever du soleil. Malgré la fatigue, nous nous sentions ravigotés par cette nouvelle aventure qui commençait.

A peine arrivés sur l’île aux reliefs inquiétants pour nos mollets atrophiés, nous avons fait la rencontre d’un sympathique couple de Bretons, Chantal et Joël, que nous avons recroisés plusieurs fois dans des lieux improbables. Ils faisaient le tour des Cyclades et ils exploraient les îles en marche et en stop. Courageux! Nous, fidèles à nos habitudes, nous avons commencé par nous poser dans un troquet pour boire un café frappé. Nous avons atterri sans le savoir dans le bar le plus sympa de l’île, chez Dimitri. C’est un autre Français (Nicaraguayen-chinois et Italien!), Louis, qui nous l’a appris quelques minutes plus tard. Nous nous sommes rapidement liés d’amitié et nous avons fini la soirée ensemble sur la plage de Livadakia, où nous avions élu domicile, juste à côté du camping (par chance fermé).

Le lendemain, jour de Pâques, nous avons décidé de grimper jusqu’à Chora, le grand village blanc et bleu de Serifos, perché sur un éperon rocheux. Nous avons parcouru, émerveillés, les ruelles en escaliers au milieu des petites maisons et églises cycladiques. C’était tellement beau qu’on avait besoin de se pincer pour voir si on n’était pas en train de rêver ! Louis nous a ensuite rejoints pour une randonnée jusqu’à l’un des sommets de l’île. Là aussi, il fallait se pincer. Nous avons attendu minuit pour assister à la traditionnelle messe orthodoxe de Pâques. C’est la fête la plus importante en Grèce, bien avant Noël. Toute l’assemblée, nous y compris, avait des bougies que le pope a allumées à minuit. Après cette journée riche en découvertes, nous sommes redescendus de nuit jusqu’à Livadi.

Nous avons ensuite passé quelques jours de farniente au village et sur la plage. Puis nous avons fini par nous lancer dans le tour de l’île. Mais avant, Louis et sa sœur Olivia nous ont embarqués chez eux en scooter et en quad pour prendre une bonne douche. Et ça nous a fait le plus grand bien !

A peine embarqués sur la route du nord, nous avons dû descendre du vélo pour le pousser dans les montées. Finalement, la marche, ça nous plaît aussi. Bon, il faut se coltiner 65 kg de bagages et de biclou, mais c’est le prix de l’autonomie. Car sur le reste de l’île, point de magasins. Quelques tavernes ça et là, rien d’autre. Conseillés par Olivia, nous sommes descendus à l’une d’entre elles, sur la plage de Plati Gallo. Nous y avons fait un bon gueuleton avant de chercher un endroit où camper. L’aubergiste nous a conseillé une plage au bout d’un sentier. Et là, nous sommes de nouveau tombés par terre face à la beauté du lieu. Oui on sait, on s’emballe, mais faut le voir pour le croire ! Une plage déserte cernée de rochers, une eau transparente et turquoise, un sable presque blanc et, le mieux, du bois pour faire un grand feu ! Munis de nos carnets de chants concoctés par la frangine Marie, nous y avons passé une soirée inoubliable. Le lendemain, envoûtés par le lieu, nous avons décidé de rester une journée de plus à jouer les Robinson. Antoine a fabriqué une grande poubelle en bambou et a vidé la plage de ses bouteilles en plastique. On enverra la photo à Nicolas Hulot 😉

Nous avons bien sûr fini par quitter ce petit coin de paradis pour explorer le reste de l’île. En commençant par une énorme grimpette d’une heure pour rejoindre la route. Argh, nous avons bien transpiré. Arrivés en haut, nous avons repris le biclou pour nous rendre à un monastère tarxiaque. En croisant le pope qui nous ignore royalement, nous tentons une approche: « Milate anglika? » (parlez-vous anglais). « Ochi, mono ellinika » (Non, seulement grec), nous répond-t-il d’un ton glacial avant de rentrer dans le saint lieu. Comme le rustre cureton n’a pas fermé la porte derrière lui, nous nous glissons à l’intérieur du monastère et nous faisons bien. C’est une magnifique bâtisse blanche fortifiée.

Nous reprenons la route entre vallons et montées jusqu’au col, d’où nous nous laissons joyeusement glisser jusqu’à Mega Livadi, un ancien village de mineurs. Serifos avait autrefois un important gisement de fer. Tout a été laissé dans son jus, à l’abandon, depuis les années 60. En nous promenant, nous tombons sur des petits charriots rouillés et des entrées de mines. Les toiles d’araignées ont envahi le sentier, l’ambiance est étrange.

Nous dormons sur le port avant de remonter, le lendemain, en poussant de nouveau le vélo jusqu’à la route. En arrivant dans la baie de Koutalas, nous tombons sur un énoooorme yacht. Nous sommes convaincus que c’est celui d’une star, peut-être Brad Pitt. Nous observons, fascinés que nous sommes, le va-et-vient des riches sur leur drôle de monture. Puis nous continuons, idiots de pauvres, à pousser notre biclou sur la route, sous un soleil accablant.

Notre petit tour est terminé et ces petites vacances dans les vacances aussi. Nous apprenons qu’un bateau part pour Athènes dans l’après-midi. Sans avoir le temps de dire au revoir à Louis et sa famille, nous quittons l’île onirique. Quand on arrive en ville (les gens changent de trottoir), le bruit et l’odeur nous font une drôle d’impression. Nous arrivons à nous hisser dans le métro jusqu’à Monastiraki. Mais là, nous réalisons qu’il va falloir rentrer chez Poncho et Herman à vélo. Malgré le flot des bagnoles, la traversée d’Athènes by night se fait sans heurts. Nous sommes fiers de retrouver le chemin de la maison. Mais en arrivant, personne. On regarde nos mails et Poncho nous explique qu’ils sont partis jusqu’à demain. Heureusement, la porte est ouverte. Nous montons sur le toit, une terrasse, et nous y installons la tente. L’un de nos campings les plus insolites !

Aujourd’hui, nous avons retrouvé les copains. Nous avons aussi reçu LE mail tant espéré. Nos pièces sont arrivées !!! Nous serons donc bientôt de retour sur les routes 🙂

On vous embrasse tous bien fort. A la prochaine !

 

 

Athènes au Mexique

Hola !

Nous avons quitté la Grèce pour le Mexique sans prendre ni l’avion, ni le bateau. Depuis une semaine, nous vivons sous le toit convivial de Poncho et Hermann, près de la station de métro Katehaki, à Athènes. Nous y avons été accueillis d’emblée par une longue leçon de cumbia, une danse populaire mexicaine. Il a fallu dérouiller nos hanches pour les remuer en rythme. Pas facile !

Nous sommes ainsi passés  d’une vie campagnarde quasi monacale à la frénésie de la capitale. Première mission : trouver notre magasin de vélo pour y récupérer des colis. Les derniers numéros de La Décroissance (merci Vincent !), des chaussures neuves pour Catherine, quelques outils, mais toujours pas le précieux paquet qui comporte la jante et le pédalier… Nous voilà encore coincés. En guise de consolation, nous découvrons que nous ne sommes pas les seuls  dans ce cas. Nous faisons la rencontre, par l’intermédiaire du vélociste, d’une joyeuse famille de Français qui pédale en Europe en trikes. Leurs biclous étant aussi endommagés, Hélène, Manu, Léo et Malo sont bloqués depuis deux semaines à Athènes. Ils attendent également un ferry pour monter plus vite au nord de la Grèce. Nous les retrouvons à la station de métro Akropolis pour sillonner ensemble les quartiers populaires. Nous avons beaucoup à échanger sur le voyage à vélo, un sujet intarissable. Et leur folle équipée familiale nous inspire pour la suite 😉 Entre cafés frappés et yaourts glacés, nous passons de très belles journées en leur compagnie.

Vendredi soir, Poncho et sa copine Argentino-chilio-croato-grecque (!!) nous ont fait découvrir Athènes by night. Resto copieux puis dernier verre sur le toit d’un immeuble avec vue sur l’Acropole illuminée. Magique ! Nous prenons le dernier métro, bondé, pour rentrer dormir un peu. Le lendemain, rebelotte avec un excellent concert de musique latine.  Nous y retrouvons Vasiliki et finissons la soirée à 4 heures du matin. Nous ne sommes plus habitués à ce rythme fêtard et la fatigue se fait sentir… Dimanche, repos. Antoine arpente le musée archéologique pendant que Catherine reste à la maison pour dévorer son journal préféré. A propos de journal, pensez à acheter La Décroissance ce mois-ci (et les autres aussi). Nous y figurons à la page internationale, c’est le début de la renommée.

Il nous reste beaucoup de choses à voir dans la capitale grecque. L’Acropole, entre autres lieux incontournables. Mais ça tombe bien, a priori, puisque nous avons le temps… Eh oui, c’est notre devise du moment : faire contre mauvaise fortune bon cœur.

On vous embrasse et on vous dit à la prochaine !

 

 

 

Au boulot les feignasses !

 

Yassas !

On bêche, on sème, on arrose, on nourrit les abeilles, et on ne prend plus le temps de donner des nouvelles… Non, soyons honnêtes, nous ne travaillons pas si dur que ça. Quelques heures par jour, tout au plus, en échange du gîte et du couvert. Mais c’est qu’en six mois, nous en avons perdu l’habitude, pardi !

Vasiliki, notre hôte, est un sacré bout de femme. Dotée de nombreux talents, dont un qui fait notre plus grand bonheur : la cuisine. Nous sommes au régime vegan depuis maintenant deux semaines et, pas un seul instant, le fromage, la viande, les oeufs ou le lait ne nous ont manqués. Chaque jour, « Vaso » prend un malin plaisir à surprendre nos papilles. Ce dimanche, elle nous a littéralement bluffés avec sa moussaka. Il faut dire qu’avant d’être apicultrice, elle était cuisinière  sur une île grecque. Pour une première expérience de woofing, nous sommes donc bien tombés !

Nous sommes contents de faire une petite pause, car nous avons peiné avant d’atteindre Thisvi, son village. Nous avons enchaîné trois cols sur une route à camions : 30 km de montée sur une chaussée étroite et sinueuse. Quand les gros transporteurs nous doublaient, on avait bien peur de finir dans le fossé.

Mais nous sommes arrivés sains et saufs. Et depuis, malgré le « boulot », nous sommes bien reposés. Nos journées suivent le rythme de Vasiliki. Le matin, après un solide petit déjeuner, nous nettoyons l’écurie d’Asteris, son cheval. Ensuite, en fonction des besoins, nous bêchons quelques heures, retirons les feuilles mortes, balayons la terrasse, cassons des amandes ou des arbres morts. A la pause, nous avons droit à un délicieux jus de fruits fraîchement pressés. Vers 15 h, nous passons à table. Nous faisons une petite sieste et nous retravaillons jusqu’aux alentours de 18 h.

Bref, la vie est paisible à la campagne. Nous sommes heureux d’avoir trouvé une excellente façon de tuer le temps en attendant nos pièces de vélo. Demain, nous attaquons la taille des oliviers. Cela devrait nous prendre cinq jours.

Et dans une semaine, nous partirons à Athènes, où nous avons enfin trouvé une solution d’hébergement. Ce sont deux amis de Vasiliki, un Mexicain et un Argentin, qui nous ont invités à rester chez eux tant que nous le voudrons. Chanceux, oui, nous sommes très chanceux.

On vous embrasse bien fort. A la prochaine pour d’autres nouvelles !

 

 

Au ralenti…

Kalimera !

Comme en témoignent nos sombres photos, le temps n’est pas au beau fixe en Grèce. Nous espérons chaque jour une éclaircie qui, pour l’instant, ne pointe pas le bout de son nez. C’est donc sous un ciel couvert que nous avons pédalé cette dernière semaine. Cela ne nous a pas empêchés de profiter des  visites de Mystras, une ancienne ville byzantine, et du splendide théâtre d’Epidaure où nous avons chanté « Les copains d’abord ». Peut-être que la pluie n’a pas cessé à cause de nous…Tant pis, on a bien ri !

Depuis Sparte, nous avons fait l’ascension d’un long col jusqu’à Tripoli, puis nous avons foncé en descente direction Paralio Astros, où nous attendait Giorgis, notre hôte warmshower. Tranquille, il nous a remis les clés de son appartement avec vue sur la mer. Nous y avons passé deux journées reposantes, à coups de tavelli et de lecture.

Nous sommes ensuite repartis en direction de Nafplio, « la ville de l’amour », où nous avons posé notre tente entre deux forteresses sur la plage. Là-bas aussi, nous nous sommes arrêtés deux jours. Nous y avons croisé deux Français fort sympathiques, des artistes propriétaires d’une maison dans le Péloponnèse. Après avoir essayé le biclou, ils nous ont invités pour le café. Nous avons aussi refait le monde avec une autre Française, patronne d’un restaurant-bar où nous buvions nos cafés frappés.

Mais pourquoi glandons-nous autant, nous direz-vous ? Ce n’est pas de gaieté de cœur, franchement. Nous attendons les pièces de réparation du vélo qui doivent arriver à Athènes. Mais voilà. Elles ne sont toujours pas parties de Lyon. Donc nous attendons. Sachant que cela mettra au moins deux semaines, nous avons fini par trouver une solution pour patienter moins bêtement. Nous nous sommes inscrits sur le site de woofing HelpX. Nous allons donc passer dix jours à Thisvi, chez Vasiliki, une apicultrice confiturière. Cela nous permettra de nous immerger dans la vie quotidienne d’une Grecque tout en nous rendant utiles.

Il nous reste un col de 25 km à passer avant d’arriver chez elle. C’est au programme de demain. Ce soir, nous retournons dormir au camping de Kineta. La patronne nous laisse sa caravane, c’est le pied !

 

 

 

 

 

 

10 000 !

 

Yassas !

Le temps n’étant pas au beau fixe, nous nous accordons une journée de trêve à Sparte. Pour le prix d’un emplacement classique, le gérant du camping a ouvert une chambre pour nous, avec chauffage et électricité. Qui l’eut cru ? C’est le grand luxe chez les Spartiates !

Nous venons de franchir le cap des 10000 km et ça nous fiche un sacré vertige. D’autant plus que cette semaine, nous avons bien cru que le voyage allait s’arrêter net. Notre pédalier nous a lâchés dans l’ascension d’un col après Methoni. Crac ! Plantés. Au beau milieu de la montée, à 18 km du village le plus proche… Nous avons poussé le biclou sur quelques bornes avant de croiser une famille en 4×4. Nous leur avons expliqué la cause de notre déveine et sans attendre, la dame a pris son téléphone portable pour appeler un ami équipé d’un pick-up. Une heure plus tard, Panagiotis, notre sauveur, est arrivé au volant de sa Fiat blanche. Hop ! On a mis le vélo dans le coffre et il nous a amenés jusqu’à Koroni, où sa femme Dora avait mijoté un excellent repas pour nous. C’est donc ça, la philoxenia !

Restait à rejoindre Kalamata, la plus grosse ville alentour, pour trouver un vélociste. Nous avons tenté le bus, sans succès. Panagiotis nous a une seconde fois sauvé la mise en embarquant le vélo dans son pick-up, pour 50 km. Même pas moyen de lui payer l’essence…

Mais une fois à Kalamata, nous n’étions pas encore tirés d’affaire. Le premier magasin de vélos sur lequel nous sommes tombés était bien piteux. L’employé y allait à coups de marteau et de burin pour démonter le pédalier. Tout ça pour nous dire que la réparation était impossible et que nous ne trouverions jamais les pièces de rechange en Grèce. Bon. Nous avons erré à la recherche d’un autre vélociste et nous sommes tombés cette fois sur un type compétent. En moins d’une heure, il avait réparé la bête. Nous sommes repartis soulagés sur notre fidèle destrier, en direction des montagnes du Magne.

Trop heureux de pouvoir pédaler, nous avons avalé sans broncher la montée de 20 km qui nous séparait de Kadarmily, village où nous avions rendez-vous avec notre hôte warmshower. Adrian, 40 ans, est américain. Il vit en Grèce depuis quelques mois. Nous sommes restés deux jours en sa compagnie et celle de sa chatte Pipi, un sosie de notre petite Pitoune. Nous avons passé des heures à parler de vélo, de voyage, de philosophie. C’était vraiment agréable. Adrian nous a fait un beau cadeau en nous apprenant les règles du tavelli, le grand jeu national grec. Idéal pour tuer le temps. A fond dedans, nous en avons acheté un miniature. Pour l’instant, Antoine gagne à tous les coups. Mais Catherine s’accroche et ne désespère pas. Un jour, elle l’aura, sa revanche !

Après cette pause détente à Kadarmily, nous avons passé deux sérieux cols. Le boîtier de pédalier présentant déjà un peu de jeu, nous avons décidé de couper les montagnes pour sortir de cette région si jolie. Nous avons atterri à Githio, ville où Aube Dorée, le parti fasciste, a pignon sur rue…A l’abri des regards indiscrets, nous avons planté notre tente sur une petite île reliée au port par un pont.

Hier, nous avons pédalé toute la journée sous la pluie afin d’atteindre Sparte et surtout Mystra, un site historique qui promet d’être chouette. Nous le visiterons demain sous un ciel plus clément.

Voilà. C’est tout pour aujourd’hui. On vous embrasse et on vous dit à la semaine prochaine !

 

 

 

Décalage horaire…

 

Yassas !

Le voyage, ça décale un peu. On vit au rythme du soleil, de la faim, de l’énergie en réserve. Il nous arrive souvent de ne pas savoir quel jour on est. Mais en Grèce, on a fait fort. Nous avons pédalé deux semaines dans ce pays sans avoir les pendules à l’heure locale… Il aura fallu nombre d’horloges « déréglées », selon nous, pour nous mettre la puce à l’oreille. Heureusement que nous n’avions pas de rendez-vous importants !

Il fait un temps magnifique ici depuis une semaine. Nous roulons en t-shirt et pouvons nous tremper les pieds dans la mer. C’est chouette. Nous avançons très doucement dans le sud ouest du Péloponnèse. Nous avons visité Olympie et ses ruines antiques remplies de fleurs printannières. Nous avons fait une petite sieste au-dessus du stade, regrettant de ne pas y voir courir des bonhommes tout nus, comme au bon vieux temps.

Nous avons ensuite mis le cap sur la côte où nous avons croisé un cyclo québécois, Julien, avec qui nous avons discuté trois heures en bord de mer. Il revenait de Turquie et se dirigeait vers l’Irlande. Nous avons pu lui refourguer notre énorme guide d’Italie qui encombrait nos sacoches depuis un moment. En échange, il nous a filé un plan camping sauvage idyllique à quelques coups de pédales de Pylos.

Mais sur la route, nous avons été pris en embuscade à Marathopoli. Au milieu de la rue, des gens dansaient et cassaient des assiettes. Quand nous avons traversé la foule, ils se sont tous mis à crier fort en nous faisant signe de venir boire un coup. Or, nous avons une règle: quand c’est la fête, on s’arrête.

A peine installés à la table de George, des assiettes remplies de victuailles sont venues à nous. Sans parler des bouteilles de bière. C’était l’orgie. Nous avons dansé le sirtaki avec tout le village. Epique !

Nos amis nous ont ensuite obtenu un prix défiant toute concurrence dans un hôtel du bled. Nous avons donc pu nous remettre de cette folle fin de journée dans un confort total.

Le lendemain, nous avons roulé en direction du spot de Julien. Quand nous sommes arrivés dans le lagon à l’heure du pique-nique, nous avons décidé de ne pas repartir. C’était trop beau. Il y avait un château à aller découvrir à pied, des flamands roses, des chèvres, une plage secrète. Nous avons passé l’après-midi à jouer les explorateurs.

Nous traînons aussi pour des raisons pratiques. Notre vélo présente quelques défaillances et il nous faudra trouver un magasin de réparations à Kalamata, la prochaine ville que nous croiserons. Mais demain, c’est dimanche, alors en attendant, on se la coule douce. Nous allons visiter le château fort de Methoni, le village d’où nous vous écrivons. Puis nous remonterons la côte pour arriver lundi matin au magasin.

Il est 5h, les Grecs sortent de la sacro-sainte sieste. Nous allons tenter de trouver une taverne avec une bonne moussaka.

On vous embrasse tous bien fort. A bientôt pour d’autres nouvelles !

 

 

Yassas !

 

Eh oui, l’Albanie, c’est déjà fini. Nous allons vous parler en grec maintenant. Non, rassurez-vous, c’est bien trop compliqué. Nous sommes plongés depuis une semaine dans le mythique alphabet, mais face aux panneaux, force est de constater que nous sommes encore souvent analphabètes. C’est assez amusant comme sensation. Nous déchiffrons tout ce qui nous passe sous le nez. Un souvenir du CP !

Nous avons quitté l’Albanie sur une note historique avec la visite du merveilleux site archéologique de Butrint. Nous nous y sommes promenés seuls dans les allées fleuries de pâquerettes. C’était magique. Quelques jolies tortues nous ont toutefois tenu compagnie dans le théâtre antique. Nous avons ensuite pris un bac de bric et de broc pour atteindre la rive qui nous rapprochait de la frontière hellène. Pressés d’en découdre avec les chiens errants, nous avons pédalé fort pour atteindre la douane. Hélas, de l’autre côté, au moment de planter la tente, les aboiements ont repris. Maudits chiens sans frontières !

La côte de l’Epire est magnifique. Nous y avons fait quelques campings sauvages sympathiques au bord de l’eau turquoise. On se serait cru en Grèce ! Mais les beaux coups d’œil se sont payés au prix de bons coups de pédales dans les montées.

Nous sommes ainsi « descendus » jusqu’à Preveza où nous n’étions pas trop sûrs de pouvoir traverser la mer qui rentre ici dans les terres. Un tunnel autoroute y a été construit mais bien entendu, il est interdit aux vélos. Nous avons joué les innocents et nous sommes pointés à l’entrée du fameux souterrain. Mais là, le feu est passé au rouge et une voix a crié dans un micro : « The tunnel is not allowed to the bikes, stop here ». Hmm, c’était embarrassant. Une file de voitures commençait à se dessiner derrière nous quand soudain, le feu est passé au vert. Nous nous sommes engouffrés dans le tunnel sans attendre. A l’intérieur, un pick-up nous a rattrapés avec les warnings. Zut. Dans notre tête, nous calculions déjà un demi-tour de cent kilomètres…sans parler de l’amende. Cool Raoul, le chauffeur nous a tout simplement escortés jusqu’à la sortie. Sympa ! Et contrairement aux voitures, nous n’avons rien payé au péage. Vive le vélo !

Après toutes ces émotions, nous avons dormi à Vonitsa au pied d’un beau château fortifié. Le lendemain, sous une pluie battante, nous avons rejoint Astakos où nous avons dormi sur le port. Peu avant, à Mytikas, nous avons réalisé qu’un truc coinçait avec les Grecs. Ils nous prennent pour des Allemands. Forcément, entre le vélo, les sacoches Ortlieb.de, les sandales d’Antoine et la doudoune orange de Catherine, nous n’avons pas un look très franchouillard. Et cela nous nuit dans un pays en pleine crise, où Angela Merkel et ses compatriotes n’ont pas franchement la cote. A Myticas donc, un passant nous a demandé notre nationalité. « Ah, you are French, so you are my friends ». Depuis, nous nous sentons obligés de le préciser. Nous avons même pensé à mettre un drapeau sur le biclou, c’est vous dire…

A propos de crise, ce que nous voyons ici n’est pour l’instant qu’un aperçu. Mais il est aisé de constater que les prix n’ont aucun bon sens. Les taxes sont hyper élevées. Le café est à 2 euros minimum quand le taux de chômage, lui, est de 24%. Face au coût incroyablement élevé de la vie, nous faisons nous aussi une petite cure d’austérité. Moins de viande, plus de légumes. C’est pas plus mal pour la santé nous direz-vous. Nous assistons à des discussions enflammées dans les cafés sur la crise, mais il nous faudra un peu de temps et l’aide de futurs traducteurs pour mieux comprendre. Nous nous planifions justement un hôte warmshower pour bientôt. En attendant, nous observons avec attention les nombreux tags sur le bord de la route. Et nous avons visionné sous la tente un excellent documentaire de Yannis Youlountas intitulé « Ne vivons plus comme des esclaves ».

Depuis hier, nous sommes dans le Péloponnèse. La route nationale depuis Patras n’est pas trépidante, mais c’est plat. Nous y croisons essentiellement des ouvriers agricoles qui reviennent des champs de fraises sous serre et nous nous saluons à coups de « yassas ». Demain, nous pédalerons jusqu’à Olympie pour visiter notre premier site antique du pays et ensuite, cap au sud.

Kalispera !

Gëzuar !

 

Mirëdita !

Gëzuar, en albanais, veut dire heureux. Cela se dit au moment de trinquer, au café comme au raki. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que nous le sommes, heureux, après une semaine très riche en émotions.

Nous vous avions laissés à Ostuni en Italie. Cinq minutes après avoir posté notre dernier article, nous avons croisé Teresa et Davide, qui nous ont invités à manger avec eux dans une poissonnerie. Teresa a réussi à nous obtenir un prix d’enfer pour une assiette de pâtes aux fruits de mer bien frais. C’était un régal. Voyant que la pluie ne cessait de tomber, elle nous a ensuite fait la proposition de venir dormir dans son trullo, l’habitat au toit pointu des bergers des Pouilles. Ni une ni deux, nous avons accepté l’invitation. Et nous avons passé une nuit magique dans sa petite maison du 18 ème siècle. Le lendemain, nous avons pris le petit déjeuner avec nos hôtes et sommes partis en direction d’Alberobello, la ville des trulli. C’était beau à voir, mais nous étions plus épatés encore d’avoir pu dormir dedans !

Nous avons ensuite mis le cap sur la côte, direction Polignano a mare. Nous y avons fait notre dernier camping sauvage d’Italie, au milieu des barques et des petites maisons blanches. On se serait déjà cru en Grèce. Il ne nous restait plus que quelques kilomètres avant d’atteindre Bari et de prendre le bateau pour l’Albanie. Nous avons passé la nuit sur le ferry, tant bien que mal, par terre entre les sièges.

Après neuf heures de traversée, c’est à Durrès que nous avons accosté. Le dépaysement a été total.  Nous avons pédalé sur l’autoroute une quarantaine de kilomètres avant de pouvoir mettre nos roues dans la campagne. A la recherche d’un emplacement de camping, nous nous sommes arrêtés dans une boucherie. Les gars du coin étaient bien désappointés. Ils ne comprenaient pas qu’on veuille dormir sous la tente. Mais là, Mynyr est arrivé en parlant italien, et nous étions sauvés. Il nous a d’emblée proposé de dormir chez lui. Dallandyshe, sa femme, a tué une poule pour nous ! Nous avons mangé comme des rois  en parlant de la vie, des Albanais qui savent vivre en harmonie malgré les multiples religions du pays, de sa dure vie d’exilé économique en Italie, de leurs filles qui font des études, etc, etc. C’était très émouvant pour nous de pouvoir partager ce moment avec eux.

Les sacoches remplies de raki, d’oranges et de mandarines, nous avons poursuivi notre route à travers la campagne. Pour une fois, nous n’étions pas les seuls à ralentir les voitures. Sur la route, nous avons croisé de nombreuses charrettes tirées avec des ânes, des troupeaux de moutons, de chèvres, de vaches… Nous avons repris l’autoroute jusqu’à Fier, une grande ville où nous sommes arrivés presque de nuit. L’option camping n’était plus envisageable. Nous avons trouvé un hôtel à 20 euros (« pas cher », comme dirait le frangin Guillaume) avec miroirs au plafond, s’il-vous-plaît. Nous y avons fait beaucoup de « gezüar » à la santé de Mynyr et de Dallendyshe…

Le lendemain, sous une pluie torrentielle, nous avons pris le biclou pour Vlöre. La route n’était pas palpitante et nous étions trempés jusqu’aux os. L’option hôtel pas cher a encore été de mise…Nous avons dormi juste à côté de la place du drapeau, celle où a été levé pour la première fois le drapeau albanais. Lassés de l’autoroute, nous avons décidé de couper à travers les montagnes. Direction Kotë, puis Kuç. Bon sang que ça grimpait ! Mais les paysages étaient magnifiques et le soleil était de la partie. La route était un peu défoncée, mais nous passions encore entre les trous. Nous avons discuté avec plusieurs bergers croisés sur la route, l’activité agricole étant ici essentiellement pastorale. Nous avons pu poser notre campement au milieu des montagnes…et de trois chiens, qui nous ont attaqués à la nuit tombée. Une grosse frayeur pour pas de mal. Presque rien à côté de l’attaque du lendemain matin, celle d’un pitbull. Voyant le machin courir vers nous, Antoine, malgré son bâton, en est même venu à dire « On n’a aucune chance ». Fonçant sur la route destroy coupée par un torrent d’eau, nous avons pédalé comme des dératés pour lui échapper. Ouf, encore une grosse peur pour pas de mal. Mais ces attaques à répétition nous ont mis les nerfs à vif. Chaque ferme isolée a fini par nous remplir de panique. Catherine en est même venue à collectionner les cailloux dans ses poches pour les jeter aux chiens.

Nous avons fini par atteindre Kuç et sa taverne aux poissons. Nous y avons fait une belle pause gastronomique avant de reprendre la route pentue et passablement délabrée. C’est un euphémisme. Il a fallu pousser le vélo sur plusieurs kilomètres avant d’atteindre le col. Et là, un panneau, direction Borsh, à gauche. Nous suivons les indications. Incapables de remonter sur le vélo sur la route pierreuse, nous descendons à pied. Quelques kilomètres plus loin, nous nous trouvons face à un éboulement total de la « route ». Demi-tour au beau milieu de la montagne. Nouvelle attaque de chiens errants (ou était-ce des loups?). En montée cette fois. Antoine gère. Nous commençons à nous démoraliser, sans savoir où nous allons. Voyant un camion sur l’autre versant de la montagne, nous reprenons espoir et retournons jusqu’à un embranchement. Nous décidons de suivre les traces de 4×4 dans la boue. Il commence à se faire tard et il pleut des cordes. Nous espérons trouver un village avant la nuit. Et là, après quelques kilomètres d’incertitude complète, nous apercevons un troupeau de moutons. Malgré la route peu engageante, nous remontons sur le biclou pour le rattraper. Nous faisons la rencontre inespérée de Padeli, le berger, qui nous emmène à Correj, son village, où nous dormirons chez lui et sa femme Kani. Merci la bonne étoile. Cette journée a sans aucun doute été la plus dure du voyage, mais aussi l’une des plus fortes. Nous avons passé la nuit chez un berger albanais qui ne pourra même pas recevoir notre carte postale de remerciements parce que la poste ne vient pas jusqu’à chez lui.

Ce matin, nous avons de nouveau poussé le tandem sur les chemins de montagne pour atteindre Borsh et la mer, d’où nous avons suivi une côte escarpée jusqu’à Saranda. Nous y avons trouvé un hôtel pas cher dans lequel nous nous remettons de nos émotions, réparons les rayons cassés du vélo, buvons quelques gëzuar en espérant avoir de vos nouvelles à vous bientôt.

Bises et à la semaine prochaine !