Eh oui, l’Albanie, c’est déjà fini. Nous allons vous parler en grec maintenant. Non, rassurez-vous, c’est bien trop compliqué. Nous sommes plongés depuis une semaine dans le mythique alphabet, mais face aux panneaux, force est de constater que nous sommes encore souvent analphabètes. C’est assez amusant comme sensation. Nous déchiffrons tout ce qui nous passe sous le nez. Un souvenir du CP !
Nous avons quitté l’Albanie sur une note historique avec la visite du merveilleux site archéologique de Butrint. Nous nous y sommes promenés seuls dans les allées fleuries de pâquerettes. C’était magique. Quelques jolies tortues nous ont toutefois tenu compagnie dans le théâtre antique. Nous avons ensuite pris un bac de bric et de broc pour atteindre la rive qui nous rapprochait de la frontière hellène. Pressés d’en découdre avec les chiens errants, nous avons pédalé fort pour atteindre la douane. Hélas, de l’autre côté, au moment de planter la tente, les aboiements ont repris. Maudits chiens sans frontières !
La côte de l’Epire est magnifique. Nous y avons fait quelques campings sauvages sympathiques au bord de l’eau turquoise. On se serait cru en Grèce ! Mais les beaux coups d’œil se sont payés au prix de bons coups de pédales dans les montées.
Nous sommes ainsi « descendus » jusqu’à Preveza où nous n’étions pas trop sûrs de pouvoir traverser la mer qui rentre ici dans les terres. Un tunnel autoroute y a été construit mais bien entendu, il est interdit aux vélos. Nous avons joué les innocents et nous sommes pointés à l’entrée du fameux souterrain. Mais là, le feu est passé au rouge et une voix a crié dans un micro : « The tunnel is not allowed to the bikes, stop here ». Hmm, c’était embarrassant. Une file de voitures commençait à se dessiner derrière nous quand soudain, le feu est passé au vert. Nous nous sommes engouffrés dans le tunnel sans attendre. A l’intérieur, un pick-up nous a rattrapés avec les warnings. Zut. Dans notre tête, nous calculions déjà un demi-tour de cent kilomètres…sans parler de l’amende. Cool Raoul, le chauffeur nous a tout simplement escortés jusqu’à la sortie. Sympa ! Et contrairement aux voitures, nous n’avons rien payé au péage. Vive le vélo !
Après toutes ces émotions, nous avons dormi à Vonitsa au pied d’un beau château fortifié. Le lendemain, sous une pluie battante, nous avons rejoint Astakos où nous avons dormi sur le port. Peu avant, à Mytikas, nous avons réalisé qu’un truc coinçait avec les Grecs. Ils nous prennent pour des Allemands. Forcément, entre le vélo, les sacoches Ortlieb.de, les sandales d’Antoine et la doudoune orange de Catherine, nous n’avons pas un look très franchouillard. Et cela nous nuit dans un pays en pleine crise, où Angela Merkel et ses compatriotes n’ont pas franchement la cote. A Myticas donc, un passant nous a demandé notre nationalité. « Ah, you are French, so you are my friends ». Depuis, nous nous sentons obligés de le préciser. Nous avons même pensé à mettre un drapeau sur le biclou, c’est vous dire…
A propos de crise, ce que nous voyons ici n’est pour l’instant qu’un aperçu. Mais il est aisé de constater que les prix n’ont aucun bon sens. Les taxes sont hyper élevées. Le café est à 2 euros minimum quand le taux de chômage, lui, est de 24%. Face au coût incroyablement élevé de la vie, nous faisons nous aussi une petite cure d’austérité. Moins de viande, plus de légumes. C’est pas plus mal pour la santé nous direz-vous. Nous assistons à des discussions enflammées dans les cafés sur la crise, mais il nous faudra un peu de temps et l’aide de futurs traducteurs pour mieux comprendre. Nous nous planifions justement un hôte warmshower pour bientôt. En attendant, nous observons avec attention les nombreux tags sur le bord de la route. Et nous avons visionné sous la tente un excellent documentaire de Yannis Youlountas intitulé « Ne vivons plus comme des esclaves ».
Depuis hier, nous sommes dans le Péloponnèse. La route nationale depuis Patras n’est pas trépidante, mais c’est plat. Nous y croisons essentiellement des ouvriers agricoles qui reviennent des champs de fraises sous serre et nous nous saluons à coups de « yassas ». Demain, nous pédalerons jusqu’à Olympie pour visiter notre premier site antique du pays et ensuite, cap au sud.
Kalispera !
Γεια σας φίλοι!
Vos spots de bivouac font rêver ! Vivement les vacances !!
Des bises,
Salut les cyclopolyglottes
je suis surprise de vous voir déjà en Grèce. Votre passage en Albanie pourrait être qualifié d’éclair en comparaison à l’Italie et j’espère que ce n’est pas à cause des chiens errants. Je suis contente de voir que vous avez eu moins de galères cette semaine mais vous devenez de vrai têtes brûlées…heureusement que vous avez les casques 😉
J’ai hâte de découvrir la Grèce à travers vos yeux.
Bisous