Buna ziua !
Antoine fait des tours de biclou avec les enfants du village de Nucet, où nous faisons une pause pour vous envoyer les dernières nouvelles de Roumanie.
Après une première semaine à pédaler dans les plaines du sud, c’est dans les hauteurs des muntii que nous avons traîné nos roues. Il a d’abord fallu quitter la grise ville de Ramnicu Valcea en empruntant un incontournable axe à camions : 35 km de route sinueuse à se faire doubler par les gros transporteurs. Un pur bonheur.
Nous sommes soulagés d’être vivants au moment de tourner à gauche en direction de la Transalpina. Certes, le dénivelé va être plus costaud, mais plutôt grimper que finir écrabouillés !
Dés les premiers kilomètres, nous respirons le bon air d’une vallée verte et tranquille. Nous retrouvons aussi l’ambiance sympathique des petits villages roumains. Nous décidons de planter la tente en bord de rivière, après avoir passé un premier lac de barrage. Comme nous sommes à l’entrée d’un village, nous demandons l’autorisation à un berger qui passe par là avec ses chèvres. Pas de problème, faites juste attention aux vipères… Nous nous installons tranquillement et notre ami revient plus tard avec un kilo de fromage frais dans sa besace. Nous échangeons quelques mots, lui disons mille fois « multsumesc » (merci) et partageons un verre de vin. Avant de nous quitter, il nous joue un petit air de flûte. C’est magique !
Nous attaquons le plus gros col de notre voyage au réveil. Cette fois, il faut faire de grosses provisions car nous ne croiserons pas de village avant une centaine de kilomètres. La route est raide, mais parsemée de sources d’eau fraîche. Nous sentons que nous arrivons en territoire sauvage. Les ours et les loups ne sont pas loin… Antoine n’a pas peur, mais Catherine, elle, ne fait pas la maline. Après trois heures d’ascension, nous atteignons notre point culminant à 1700 mètres d’altitude, avec en cadeau une vue imprenable sur les Carpates méridionales. Nous nous laissons descendre jusqu’au lac Vidra où un spot de camping merveilleux nous attend. Nous faisons du feu pour éloigner les bêtes et, au moment où la nuit tombe, Catherine va mettre les sacoches de bouffe à cinquante mètres de la tente, essuyant ainsi les moqueries d’Antoine… Ben quoi, on n’est jamais trop prudents !
En début de soirée, une grosse voiture se pointe. En en voyant sortir une bande de sept potes lycéens, nous nous disons que la nuit risque d’être agitée. Après avoir tourné en rond autour de nous, ils finissent par nous demander gentiment de l’aide pour monter leur tente qui doit dater des années 60. Notre honneur de campeurs est en jeu. Ouf, nous parvenons à la mettre d’aplomb et partons nous coucher. En passant devant le coffre de la voiture, nous découvrons des litres et des litres d’eau. Ces jeunes Roumains semblent plus sages que nous à la grande époque de l’île d’Oléron 😉
La nuit se passe bien, nous ne sommes pas passés sous les griffes d’un ours. Nous pouvons reprendre la route sereinement. Il nous reste un col à affronter avant de rejoindre Sebes. Après une rude grimpette, nous profitons de l’une de nos plus belles descentes de l’année. 60 km de pente douce à travers les sapins et les lacs de barrage. Pour fêter ça, nous chantons tout notre répertoire Nostalgie : Joe Dassin, Francis Cabrel, Michel Sardou, Pierre Bachelet, tout y passe ! Bizarre bizarre, la pluie ne tarde pas à tomber…
Après avoir dormi au bord d’un dernier lac, nous retrouvons la plaine et attaquons cette fois les Monts Apuseni. Le guide du routard nous promet monts et merveilles dans cette région apparemment très à l’écart de la société de consommation. Avant de rejoindre la vallée de l’Aries, nous passons une nuit chez Niku, qui nous autorise à camper dans son jardin. Ancien mineur à Zlatna, il nous invite à déguster une traditionnelle ciorba dans sa cuisine. On a notre carbo dans les sacoches, mais ça ne se refuse pas !
Le lendemain matin, nous passons un joli petit col et au moment de pique-niquer dans la vallée, une surprise nous attend. Un renard court dans notre direction avec une grosse poule vivante entre les crocs. Il ne nous a pas vus. Nous, on en profite, on le filme et on admire son agilité à traîner sa proie.
En arrivant à Albac, au coeur du pays des Motsi, c’est plutôt un endroit touristique que nous découvrons. Des pensions partout, des motards à gogo, des voitures immatriculées à l’étranger. Nous décidons de partir en randonnée une journée pour nous éloigner un peu de la route. Et c’est vrai qu’une fois parvenus dans les hameaux de montagne, nous faisons un beau voyage dans le temps. Nous rencontrons un lycéen qui fait huit kilomètres à pied par jour pour aller à l’école, ça laisse songeur…
Nous reprenons notre biclou pour gravir ce qui sera sans doute le dernier col de notre voyage. Nous traversons Vartop, une étrange station de ski, et redescendons en direction d’Oradea. Nous dénichons un magnifique terrain de camping dans la montagne. Les crottes de moutons nous montrent qu’il doit être habité. Et vers sept heures, effectivement, des cloches retentissent. Un beau troupeau arrive avec ses chiens et son berger, Marios, âgé de 24 ans. Un peu gênés, nous lui demandons si la tente ne dérange pas trop. Pas de problème, nous dit-il spontanément. Puis il reste avec nous jusqu’à dix heures du soir. Nous nous débrouillons avec le peu de Roumain que nous connaissons. A huit heures du matin, les cloches nous réveillent. Marios est là, avec du fromage, des saucisses, des légumes panés et du café. Décidément, les bergers sont nos meilleurs amis. Après avoir déjeuné, nous quittons notre copain, profondément touchés par sa gentillesse.
Notre périple en Roumanie touche à sa fin, mais nous sommes sûrs de revenir un jour dans ce beau pays que nous avons visité trop vite.
Demain, nous avons rendez-vous à Oradea dans une pension où des pneus et des plaquettes de freins neufs ont été livrés pour nous. Nous serons ainsi parés pour pédaler 2000 km et être de retour en France mi-août, pour la grande chouille ardéchoise.
« nous découvrons des litres et des litres d’eau. Ces jeunes Roumains semblent plus sages que nous … » <– dites plutôt que nous on n’oubliait pas le pastis !
Des gros bisous à vous deux, merci encore pour ces nouvelles…rafraîchissantes haha !
Çà sent le retour… Il nous tarde
de vous retrouver en chair et en os! Profitez bien de ce temps libre en attendant le retrouver la vie laborieuse…
Gros bisous.
Quand je lis vos rencontres avec les gens croisés lors de votre périple, je me dis qu’ici, en France, nous avons de belles leçons d’hospitalité à prendre…
De bons souvenirs qui remontent en vous lisant, merci!
Ca donne un peu les larmes aux yeux ces histoires de bergers nourriciers. J’entends les cloches, à très bientôt les pédaleurs !
Et merci.
Bises
Déjà (enfin?) un retour on ne peut plus proche, j’espère qu’on vous verra par chez nous, à défaut de grosse chouille ardéchoise, on pourra toujours faire une petite fête arverne ^^
Et vous devez avoir tant à raconter, en plus vous connaissez pas encore nos derniers nés ! Profitez au mieux de vos derniers kilomètres, bisous !
Un petit coucou !
Je vois que les vacances touchent à leur fin ! Mais, ils vous restent encore un peu de temps pour atterrir et surtout l’aventure continue jusqu’à mi-août… Que de choses encore à nous relater !
Bonne continuation !
Gros zibous
Christine (Droopy !)