Buna ziua !
Que de caps, cette semaine ! Passage des 12000 km dans la plaine agricole bulgare, passage de la frontière roumaine à Roussé et, last but not least, passage des 31 ans de Toinou…
Nous avons quitté la Bulgarie en traversant son grenier à blé. Des champs immenses à perte de vue. Pas facile de trouver un carré d’herbe pour y planter la tente. L’agriculture intensive occupe le moindre espace. Bien que nos mollets apprécient les pentes douces, nous sommes un peu nostalgiques de la chaleureuse ambiance paysanne des Rhodopes et du Balkan.
Peu de temps avant la frontière, nous croisons un cyclo suédois. Carte à l’appui, nous échangeons les bons plans sur la Roumanie et la Bulgarie. Il nous rassure sur la conduite roumaine et nous lui faisons éviter une route à camions.
Nous cherchons ensuite un endroit pour planter la « palatka ». En descendant un chemin agricole assez perdu, nous tombons sur deux voitures qui nous font signe de remonter dare-dare. Un peu plus loin, nous découvrons plusieurs plans sauvages de cannabis. On ne sait pas exactement ce qui se trafique à Ivanovo, mais ce n’est pas très net !
Le lendemain, sous un temps couvert, nous atteignons un pont de 4 km au-dessus du Danube pour entrer en Roumanie. Les passages de frontière sont toujours émoustillants. Il faut se mettre à une nouvelle monnaie, le lei, une nouvelle langue dans un alphabet latin (trop facile !), une nouvelle culture et tout ce qui va avec. Avant de reprendre la route, nous mangeons des mititei dans un boui-boui de Giurgiu. Ces petites saucisses nous donnent l’énergie de pédaler encore 40 km avant de poser la tente en surplomb de la plaine du Danube. Les villages traversés nous donnent rapidement la couleur du pays. Partout, sur le bord de la route, les gens discutent sur les bancs, nous saluent à grands coups de « buna ziua » et de « bun drum » (bonne route). Ici ou là, on entend de la musique entraînante. Les enfants roms nous tapent dans les mains quand on passe. Les poules, pintades, oies et dindons font leur vie sur les trottoirs en herbe. On partage encore la route avec beaucoup de charrettes. C’est super ! Certes, il y a des hordes de moustiques le soir et les routes en ciment sont un peu défoncées, mais on se sent drôlement bien, d’emblée.
Vendredi, c’est l’anniversaire d’Antoine. La journée commence par des trombes d’eau… On ne peut plus distinguer les trous dans la route et forcément, on tombe dedans. Tout en nous cramponnant au vélo, on rigole bien en traversant les rivières qui se forment sur le bitume. C’est l’aventure. Les innombrables villages de la plaine sont jolis, avec leurs maisons de toutes les couleurs. Nous apprenons à utiliser les puits pour nous ravitailler en eau. Elle est fraîche et ça fait du bien car entre deux radées, la température tourne autour des 30 degrés. On découvre aussi le climat continental…
Après avoir fait de grosses courses pour ce soir de fête, nous demandons à un fermier s’il a un endroit où nous pouvons planter la tente. Il nous emmène derrière sa maison où nous partageons le terrain avec des bébés pintades et des chiens. Vers huit heures, un collègue de notre hôte arrive : Florian, la cinquantaine. Il se met joyeusement à nous parler en italien, en roumain, en allemand et en français. Ce sera l’invité d’Antoine à sa fête d’anniversaire. Nous discutons jusqu’à minuit passé. Il nous apporte du fromage de ses chèvres, du miel, des bougies. Puis il nous passe son fils de Bucarest au téléphone, qui nous explique que nous sommes sans doute les premiers étrangers que rencontre son père. Au réveil, Florian nous apporte un petit déjeuner copieux. Il nous emmène ensuite dans sa maison pour le café. Au moment de nous quitter, il nous dit qu’il va pleurer quand nous serons partis. Résultat, c’est Catherine qui a les larmes aux yeux !
Nous continuons notre route dans le val du Teleorman, tout excités par cette première rencontre roumaine. Il fait très très chaud. Nous faisons une pause à l’ombre près d’un puits. Rapidement, un groupe se forme autour de nous. Nous discutons avec nos quelques mots de roumain et soudain, un papy sort un grand drapeau bleu jaune rouge de sa poche. Il nous l’offre et nous l’accrochons fièrement à côté de notre drapeau français. C’est la classe ! Nous reprenons la route de Pitesti et nous nous arrêtons manger une glace dans un magasin. L’orage éclate quand nous sortons sur la terrasse. Nous nous y installons en attendant et, là encore, un groupe se forme autour de nous. Des ados et un adulte, Gigi, qui ne veut pas qu’on dorme sous la tente. Il nous invite à passer la nuit dans sa maison, qu’il partage avec sa mère, Aurica. Nous acceptons volontiers et le suivons sur un chemin non goudronné. Arrivés chez lui, nous nous retrouvons dans une jolie ferme traditionnelle. Aurica est très heureuse de nous recevoir, c’est la première fois de sa vie qu’elle voit des voyageurs à vélo. Elle nous fait entrer dans son intérieur coquet, nous sert une ciorba au poulet, la soupe nationale, et une salade. Gigi va chercher ses jeunes voisins, Anna et Bogdan, qui parlent anglais. Ils nous servent de traducteurs, c’est drôlement pratique. Nous allons passer un bout de soirée chez eux. Le lendemain matin, après un verre de lait et une salade copieuse, Aurica nous installe devant la télé sur une chaîne de folklore roumain. Elle nous sert une énorme assiette de polenta sucrée. Nous sommes sur le point d’éclater quand elle arrive avec une autre assiette de maïs concassé…Elle nous propose aussi du vin, mais nous arrêtons là la politesse et nous refusons. Il est 8h30 tout de même !
Nous repartons à 10h30, repus, sous une chaleur torride. En milieu d’après-midi, enfin, l’orage éclate. Nous ne sortons même pas les affaires de pluie, trop heureux de nous rafraîchir. Nous sortons du val de la Teleorman pour rejoindre Ramniscu Valcea. La route devient un peu plus difficile, en up and down. Nous dormons sur un terrain de foot à la sortie de Vedea. Nous sommes contents de retrouver le calme de nos soirées sous tente, après deux jours bien mouvementés.
Hier lundi, sur la route qui longe le fleuve Olt, nous nous arrêtons devant une église couverte de fresques. Il y a du monde autour. Une dame, Maria, nous explique que c’est un jour saint pour les orthodoxes. Elle nous emmène dans l’église où elle demande l’autorisation au pope de nous laisser entrer. D’accord, mais si Catherine garde son casque de vélo sur la tête ! Nous suivons une procession jusque derrière l’autel, chose autorisée pour les femmes une seule fois par an. Les chrétiens font des bisous aux reliques. Maria nous dit de les imiter. A la sortie, le pope nous remet des bouts de tissus imprégnés de cire. Il faudra les faire brûler dans notre maison pour chasser les mauvais esprits. Maria, qui est mariée à un prêtre, nous invite ensuite à la suivre dans une autre église pour y prendre un repas. Nous lui expliquons que nous venons de pique-niquer, mais elle insiste. Alors c’est parti. Nous dégustons une excellente ciorba en compagnie des popes et de Maria. Nous finissons par reprendre la route à 4 heures de l’après-midi.
Après une dernière nuit de camping sauvage et neuf jours sans douche, nous décidons de nous trouver une chambre pour écrire ce post, faire une lessive et nous laver un coup.
Demain, nous retrouvons les montagnes avec la transalpina et son col à 1700 mètres… On espère y trouver un peu d’air frais.
Sur ce, on vous embrasse et on vous dit à la semaine prochaine, si on arrive à retrouver une connexion internet (ce qui n’est pas facile en Roumanie…).
Buna ziua,
vos photos et le récit sont un pur bonheur car ils me rappellent des supers moments en Roumanie. Vous me donnez envie d’aller y pédaler !
des bisous à tous les 2
Salut les Biclous !
Superbes pyjamas ! Une raison de plus d’être jaloux de votre voyage ! Vous allez en ramener en souvenir ?
Bisous à tous les deux, on a hâte de vous revoir !
Flo
Merci de toutes ces belles photos et les détails de vos aventures qui nous font partager vos moments de bonheur!
Je ne rêverai plus du beau Danube bleu, finalement notre couze est plus belle! Pour la chaleur nous avons ce qu’il faut ici, 35 à l’ombre hier et pour finir la journée un bel orage de grêle.
Bon anniversaire à Antoine avec du retard, mais comme le dit le proverbe « mieux vaut tard que jamais »
Bon vent et bonne route! Bisous
Bonjour de Roumanie !
Nous sommes heureux que cela a pris fin avec le voyage.
Nous attendons à d’autres occasions et plus nous. sincèrement, Maria